Suehiro Maruo est certainement l’auteur japonais qui trouve le plus de grâce à nos yeux.
En bref, 4 histoires récentes dans la production du maître sont au programme.
L’Enfer En Bouteille, qui donne son nom au recueil, raconte la vie de 2 orphelins rescapés d’un naufrage sur une île paradisiaque, attendant un très improbable sauvetage. La Tentation de Saint-Antoine nous fait suivre un prêtre malmené par ses ouailles et ses propres désirs. Kageno-Mochi nous fait suivre un couple lorgnant sur la richesse de leur voisin masseur. Et enfin Pauvre Grande Soeur est l’histoire d’une adolescente et de son frère particulièrement laid tentant de survivre face à leur père et à la dure société.
Le style est toujours aussi frappant et pur. Les références sont nombreuses et l’auteur glisse des hommages comme à son habitude à ceux qui l’inspirent et l’ont aidé à créer son univers graphique.
On est habitué à ses œuvres délirantes et grotesques. Et la désorientation s’estompe, laissant place au malaise, à la beauté et à la cruauté des scénarios. Les histoires sont cependant de plus en plus morales. Le frère et la sœur du premier récit sont tourmentés lors de l’apparition de leur premiers émois contre-nature. L’avarice du masseur signe sa mort, ainsi que celle du couple. La sœur ne peut sauver personne, puisqu’elle est une prostituée.
Le lecteur verra des récits assagis, assez éloignés de la verve du Yume No Q-Saku. Mais ils n’en restent pas moins des histoires poignantes, parfaitement maîtrisées avec des chefs d’oeuvre à chaque page.
– Je ne sais pas quand cela a commencé, mais avec le temps, je constatai que le corps d’Ayako devenait de jour en jour d’une beauté lisse et prodigieuse, parfois éblouissante comme une déesse des fleurs, parfois voluptueuse comme une créature démoniaque.
(Version lue Casterman – Sakka Auteurs)