Dernière réédition en date, les 3 sœurs Darnum est l’ultime titre d’Ardem.
En bref, dans le futur, notre société décadente n’est intéressée que par des problèmes de sécurité, de sexe et de divertissement. C’est dans ce cadre que vivent les 3 sœurs Darnum au profil très différent. Phoebia est policière. Moshaya veut la belle vie. Et, enfin, Sabarra est en cours de rééducation pour décontamination idéologique…
J’ai avec Ardem une histoire singulière. Quand j’ai commencé le site, j’avais les grands auteurs érotiques populaires en tête. C’est Ardem qui reste mon premier choc pornographique dessiné. Et, pour cause, Chantages résonne toujours ma tête avec son histoire amère rythmée de scènes hardcore. Outre, l’évidence pornographique de ses BDs, c’est la violence psychologique des rapports humains qui m’a choqué chez Ardem.
Il y a toujours un rapport de soumission qui pousse des femmes sublimes à subir les assauts d’hommes laids et lubriques. Les 3 Soeurs Darnum ne fait pas exception. Chacun d’entre elles est la victime d’un bourreau qui abusera de ses charmes. Ce type de traitement ne fait pas l’unanimité, je préfère vous prévenir. Cela peut être choquant.
Avec un peu de recul, 3 Soeurs est une sorte de fable morale. Sous les déluges de foutre et de scènes anales (la grande spécialité d’Ardem), le lecteur sent poindre une conclusion fatale et pessimiste. Quoiqu’elles fassent, les héroïnes finissent par se faire enculer, sans jamais vraiment le désirer.
Les 3 Soeurs Darnum, critique de la société moderne ?
Le titre est étonnant. On est habitué au contexte très ancré dans la réalité dans la bibliographie de l’auteur. Ici, c’est de la Science-Fiction, inspirée directement par l’Incal de Moebius et Jodorowsky. La décadence est tout à fait indiquée pour son univers. Le récit balance principalement entre Phoebia et Moshaya. La première joue son rôle de policière et porte la responsabilité du foyer pendant la maladie de la mère. Et Moshaya utilise ses charmes pour gagner de l’argent et de la notoriété. Phoebia est prude et droite, tandis que la seconde est plus sournoise et plus désabusée aussi.
Pour la première fois, Ardem semble porter un regard critique sur notre mode. De manière évidente, il y a une critique du monde de la TV et du divertissement, notamment la téléréalité, hypocrite et perverse. Mais c’est aussi les motivations des catégories supérieures qui sont aussi pointées du doigt, celles-ci abusant du « bas peuple » à l’aide de leur richesse afin de satisfaire leurs plus bas instincts dégénérés.
En fait, il faudrait un avertissement sur les albums d’Ardem. ”Ici, lecteur, abandonne tes petites valeurs et succombe à ton côté dominant.” J’adore l’élan de ses titres, c’est franc du collier et l’amateur de pornographie en a toujours pour son argent. Les pages sont remplies de sexes énormes, d’anus éclatés et d’excrétions diverses. Vous êtes maintenant prévenus et armés pour une véritable lecture hard !
– AAH ! Ca fait mal !
– Tu es trop étroite du cul, voilà tout ! … Mais ton malheur fait mon bonheur… Ma queue est idéalement comprimée !
(Version lue DYNAMITE Collection Canicule)